Sahby Mehalla
Mark Zuckerberg, autrefois figure emblématique de l’innovation numérique, est aujourd’hui confronté à une résistance générationnelle inédite.
Après avoir conquis la génération Y (les milléniaux) avec Facebook, puis étendu son influence via Instagram, le fondateur de Meta fait désormais face à une défiance croissante de la part de la génération X et surtout de la génération Z. Son projet phare, le métavers, en est l’illustration la plus criante.
La génération X, façonnée par une époque marquée par le désenchantement envers les grandes institutions, reste sceptique face aux promesses d’un monde virtuel immersif. Pour elle, le métavers n’est qu’un énième mirage technologique, une version modernisée de projets utopiques passés qui ont échoué à révolutionner les usages réels.
La génération Z, quant à elle, née avec les réseaux sociaux, les publicités ciblées et la surveillance algorithmique, ne se laisse plus séduire aussi facilement. Ces "digital natives" ont développé des stratégies pour échapper à l'œil intrusif des géants du web : utilisation croissante d’adblockers, comptes anonymes, réseaux alternatifs. Ils maîtrisent les codes numériques bien mieux que leurs prédécesseurs, et cela rend toute tentative de captation plus complexe. Leur relation au numérique n’est plus fondée sur l’émerveillement, mais sur la lucidité, voire la méfiance.
En s'obstinant à vouloir imposer sa vision d’un monde virtuel centralisé et contrôlé, Zuckerberg semble déconnecté des aspirations actuelles. Là où les générations montantes recherchent de l’authenticité, de l’autonomie et de la sobriété numérique, le métavers propose une expérience artificielle, coûteuse et énergivore, aux antipodes de leurs préoccupations écologiques et sociales.
La résistance croissante des générations X et Z ne relève pas d’un simple caprice. Elle témoigne d’un glissement profond : celui d’un rapport au numérique qui évolue vers plus de distance, plus de critique, et plus de désir de maîtrise. En cela, le combat contre le métavers est peut-être moins un rejet de la technologie qu’une affirmation d’une nouvelle conscience numérique.

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