République blanche : quand l’égalité oublie les couleurs

Publié le 25 avril 2025 à 13:46

Sahby Mehalla

Il faut cesser de tourner autour du pot : les Français sont racistes. Pas tous, bien sûr — mais assez pour que ce soit un problème national. 

Assez pour que les statistiques, les témoignages, les études internationales et les faits divers nous le hurlent à la figure. Et pourtant, on préfère détourner le regard, se cacher derrière des discours vides sur la République, ou pire, accuser les victimes de communautarisme.

En 2013, une étude relayée par The Washington Post révélait que plus d’un Français sur cinq ne voulait pas de voisins d’une autre race. Vingt-deux pour cent. C’est énorme. Et ce n’est pas une erreur de sondage : c’est le reflet d’un racisme assumé, ancré, institutionnalisé.

Depuis, la situation ne s’est pas améliorée. Chaque année, les rapports de la CNCDH ou d’Amnesty International alertent sur la montée des actes racistes, islamophobes, antisémites, antitsiganes. Les noms à consonance “étrangère” sont écartés dans le monde du travail. Les contrôles de police se font systématiquement au faciès. Et dans les médias, certains éditorialistes passent leur carrière à souffler sur les braises de la haine, en toute impunité.

Mais ce qui choque le plus, ce n’est même pas la violence du racisme ordinaire : c’est l’arrogance avec laquelle il est nié. La France se prétend "couleur-blind", aveugle à la race. C’est faux. La France est aveugle au racisme. On veut croire à un mythe républicain où tout le monde est égal, pendant que des enfants noirs ou arabes apprennent dès le plus jeune âge qu’ils ne seront jamais perçus comme vraiment français.

La vérité, c’est que le racisme français ne choque plus. Il fait partie du décor. Il est dans les blagues, dans les bulletins de vote, dans les institutions, et dans les lois. Et tant qu’on refusera de l’admettre, tant qu’on considérera qu’en parler c’est “diviser”, rien ne changera.

La France est malade. Et comme toute maladie qu’on refuse de diagnostiquer, celle-ci ne fera qu’empirer. Le problème, ce n’est pas juste l’extrême droite. C’est cette majorité silencieuse, qui se croit tolérante, mais qui accepte l’inacceptable, tous les jours, en silence.

République blanche : quand l’égalité oublie les couleurs

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