Quand Ibrahim Traoré donne des leçons de diplomatie à l’Algérie… en oubliant la souveraineté nationale

Publié le 12 mai 2025 à 19:10

Le président burkinabè Ibrahim Traoré a cru bon, cette semaine, de commenter l’incident diplomatique entre l’Algérie et le Mali, en prenant fait et cause pour Bamako après l’abattage d’un drone malien qui a franchi l’espace aérien algérien. 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA

Quand Ibrahim Traoré donne des leçons de diplomatie à l’Algérie… en oubliant la souveraineté nationale

Intervenant sur Russia Today, il a regretté l’attitude d’Alger et pris un ton moralisateur, appelant à "des protocoles diplomatiques", arguant que son propre pays, le Burkina Faso, n’avait jamais abattu les drones américains qui survolent régulièrement son territoire.

À l’écouter, on croirait presque que l’Algérie a commis une faute de goût, un impair diplomatique. Pourtant, ce que feint d’ignorer le capitaine Traoré, c’est qu’il ne s’agissait pas là d’un simple « incident isolé », mais du troisième survol illégal d’un drone malien sur le territoire algérien, malgré les avertissements répétés d’Alger. Cette dernière incursion a été celle de trop. Et dans toute démocratie ou État souverain digne de ce nom, la réponse militaire à une violation répétée de l’espace aérien est non seulement légitime, mais nécessaire.

Le plus surprenant, voire choquant, dans les propos de Traoré, c’est sa tentative de banaliser l’intrusion, allant jusqu’à déclarer : « Des drones américains survolent le Burkina Faso, mais nous ne les abattons pas ; nous appliquons les protocoles diplomatiques. » Traduction : ouvrir son ciel aux puissances étrangères, c’est ça, le sommet de la diplomatie ? Depuis quand le survol clandestin d’un pays par une armée étrangère est-il un modèle à suivre ? En présentant cela comme une normalité, Traoré donne à l’humiliation une saveur de cordialité. Tenir tête à l’Algérie et servir le café aux Américains : est-ce cela la souveraineté version Ouagadougou ?

On pourrait presque en rire, si ce n’était pas aussi grave. En plus de sa condescendance déplacée envers l’Algérie, Ibrahim Traoré oublie l’essentiel : le respect de la souveraineté nationale est un pilier non négociable du droit international. L’Algérie, État stratège et intransigeant sur la question de ses frontières, a agi en cohérence avec ses engagements. Si des drones doivent survoler la zone sahélienne pour des missions conjointes ou de surveillance, la moindre des choses est d’en avertir les pays concernés. On ne survole pas une frontière comme on traverse un marché.

Au lieu de ridiculiser la décision algérienne, Ibrahim Traoré aurait mieux fait d’appeler à une désescalade intelligente, à une coordination sécuritaire régionale, ou à une coopération renforcée contre le terrorisme qui frappe durement nos peuples. Mais non : il préfère parler des nuages, éluder les faits, et détourner le débat vers une prétendue leçon de diplomatie qui sonne comme un aveu de faiblesse.

L'Algérie, elle, ne s’incline pas. Elle ne joue pas avec sa sécurité, ni avec sa dignité. Et c’est peut-être cette fermeté qui dérange certains, trop habitués à courber l’échine sous prétexte de « dialogue ». La maturité politique, la vraie, commence par le respect de soi. Le reste n’est que rhétorique creuse.

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