Crypto-terreur : quand les investisseurs deviennent des cibles – la riposte de l’État face à une nouvelle criminalité

En recevant ce vendredi les acteurs majeurs de l’écosystème crypto, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a acté ce que tout le secteur redoutait déjà en silence : les investisseurs en cryptomonnaies sont devenus les nouvelles cibles d’une criminalité violente, organisée, et résolument tournée vers le numérique.

Au cœur de la rencontre : une série d’enlèvements spectaculaires, souvent sous haute tension, avec rançon exigée en Bitcoin ou Monero. Parmi les cas les plus médiatisés, celui du père d’un influenceur crypto basé à Dubaï, enlevé en France, torturé, puis libéré après le versement d’une somme encore confidentielle. Le message est clair : les ravisseurs visent les poches numériques, mais frappent la chair.

Des crypto-millionnaires trop visibles

L’essor des plateformes sociales a offert à une génération d’entrepreneurs crypto un miroir flatteur… mais dangereux. Ferrari, villas à Bali, écrans de trading en story permanente : autant de signes extérieurs de richesse qui excitent l’appétit des réseaux criminels. « On est traqués comme des footballeurs », confie un investisseur sous pseudonyme au Figaro. « Et nos proches sont désormais en danger. »

L’illusion de l’anonymat

Derrière le mythe d’un argent "invisible", la réalité est tout autre. Les transactions, bien que pseudonymisées, sont traçables, surveillées par des logiciels de blockchain analytics. Mais cela n’empêche pas certains groupes mafieux de croire au jackpot invisible : un transfert rapide, intraçable, sans banque ni frontière. Ils se trompent. Mais ils n’hésitent plus à mutiler pour obtenir l’accès aux portefeuilles.

La réponse de l’État : un plan de sécurité inédit

• Face à cette menace d’un nouveau genre, Retailleau a annoncé un plan en trois volets :
• L’accès prioritaire aux numéros d’urgence pour les professionnels du secteur et leurs proches.
• Un groupe de travail rassemblant cyberpolice, GIGN et acteurs crypto pour identifier les menaces.
• Et surtout, une série de briefings de sécurité organisés avec les entreprises concernées.

« Nous ne laisserons pas les cryptos devenir un terrain de chasse pour les mafias », a martelé le ministre, promettant une traque systématique des réseaux criminels.

Un climat délétère dans la French Tech

Pourtant, la peur s’installe. Plusieurs entrepreneurs ont déjà quitté la France, direction le Portugal ou Dubaï. « On pensait que le risque venait du fisc. On ne pensait pas devoir protéger nos familles de menaces physiques », témoigne Thibaut Boutrou (Meria Finance) dans les colonnes du Figaro.

La France, qui ambitionnait d’être un hub européen de la finance décentralisée, voit aujourd’hui son image écornée. Reste à savoir si les mesures de l’État seront suffisantes pour restaurer la confiance… et la sécurité.