Roumanie : le pro-européen Nicușor Dan élu président, Telegram accuse Paris d'ingérence

Publié le 20 mai 2025 à 15:48

C’est une victoire qui résonne bien au-delà des frontières de la Roumanie. 

ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM

Roumanie : le pro-européen Nicușor Dan élu président, Telegram accuse Paris d'ingérence

Dimanche soir, Nicușor Dan, mathématicien devenu figure politique pro-européenne, a été élu président avec 53,6 % des voix face à son adversaire nationaliste George Simion, chef du parti AUR. Ce scrutin, présenté comme un moment décisif pour l’avenir du pays, consacre un virage assumé vers l’Union européenne et l’OTAN, après plusieurs années de turbulences démocratiques.

La campagne a été tendue, parfois électrique. George Simion, dans une posture populiste assumée, a dénoncé de supposées manipulations électorales, allant jusqu'à proclamer sa victoire prématurément. Signe de la nervosité ambiante, un incident viral a vu le candidat s'afficher, dans un live diffusé sur les réseaux, devant un drapeau mal identifié censé symboliser la Roumanie.

Mais c’est bien un autre événement qui a marqué les heures post-électorales : l’intervention inattendue de Pavel Durov, fondateur de Telegram. Dans une déclaration sur sa chaîne personnelle, le PDG russe a accusé la France d’ingérence numérique dans la campagne, affirmant que les autorités françaises auraient demandé à Telegram de censurer des comptes conservateurs roumains. « Une tentative claire d’influencer le débat démocratique d’un pays souverain », a-t-il lâché.

Ces accusations ont été fermement démenties par Paris. Le ministère français des Affaires étrangères a qualifié les propos de Durov d’« allégations sans fondement », rappelant que la France « respecte strictement la souveraineté des États membres de l’Union européenne ». Du côté de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), on évoque « une manœuvre classique de désinformation », possiblement orchestrée dans un contexte plus large de guerre informationnelle liée à la Russie.

Il faut dire que la Roumanie sort tout juste d’une présidentielle annulée en 2024, à cause de preuves d’ingérences russes. Le climat reste donc chargé. Le gouvernement roumain lui-même évoque une campagne de désinformation massive sur Telegram et d’autres canaux alternatifs. L’ombre de Moscou plane toujours sur Bucarest.

En dépit de ces turbulences, Nicușor Dan a affiché un ton rassembleur lors de son premier discours de président élu. « La Roumanie a choisi le chemin de la modernité, de l’État de droit et de l’Europe », a-t-il déclaré, saluant une jeunesse roumaine « courageuse et lucide ».

À Bruxelles, la nouvelle a été accueillie avec soulagement. Plusieurs eurodéputés ont félicité « une Roumanie qui dit non au repli et au nationalisme » et qui choisit de « construire des ponts plutôt que des murs ».

Une chose est sûre : la Roumanie entre dans une nouvelle phase politique. Et au vu des tensions régionales et des interférences numériques grandissantes, ce nouveau mandat s’annonce comme un test grandeur nature pour la démocratie européenne.

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