Culpabilité solaire : ce nouveau malaise qui ternit nos journées ensoleillées

Publié le 23 mai 2025 à 22:25

Le printemps s’installe avec ses promesses de ciel bleu et de terrasses bondées, mais un phénomène discret gagne du terrain parmi les jeunes adultes : la « culpabilité solaire ». 

ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM

Culpabilité solaire : ce nouveau malaise qui ternit nos journées ensoleillées

Derrière ce nom évocateur se cache un sentiment diffus, mélange de malaise, d’anxiété et de honte à l’idée de ne pas « profiter du beau temps » comme la société semble nous l’imposer.

Quand le soleil devient pression sociale

Longtemps synonyme de bonheur et de vitalité, le soleil est aujourd’hui l’objet d’un diktat silencieux : si vous ne sortez pas dès que le ciel est dégagé, c’est que quelque chose ne va pas. Et cette injonction insidieuse touche une génération déjà fragilisée par la surcharge mentale, la crise écologique et une surexposition permanente aux réseaux sociaux. Sur TikTok, le hashtag #sunshineguilt cumule des millions de vues, où des utilisateurs avouent se sentir « nuls » ou « paresseux » lorsqu’ils passent une journée ensoleillée à l’intérieur.

Un sondage réalisé en avril 2025 par YouGov auprès des 18-35 ans en France révèle que 42 % des jeunes déclarent avoir déjà ressenti de l’anxiété en restant chez eux par beau temps, et 37 % associent le soleil à une forme de « devoir de bonheur ». Une tendance confirmée par la psychologue Alice Raynaud : « On a associé le soleil à la productivité, à la vie sociale, à la performance. Ceux qui choisissent le calme ou l’introspection dans ces moments se sentent à contre-courant. »

Une fatigue mentale masquée par la lumière

Ce mal-être est d’autant plus paradoxal qu’il survient souvent après des périodes d’hiver morose où chacun disait attendre le retour des beaux jours. Mais lorsque le soleil revient, ce qui devrait être un soulagement devient une nouvelle pression. « Il ne faut pas confondre besoin de lumière et obligation de sociabilité », précise Raynaud. « Une personne peut avoir besoin de repos ou de solitude, même quand il fait beau. »

Le phénomène est accentué par le FOMO (la peur de manquer quelque chose), exacerbée par les réseaux sociaux. À chaque story de brunch au soleil ou de promenade en bord de mer, le sentiment de rater quelque chose s’impose un peu plus.

Vers une réconciliation avec soi-même

Comment échapper à cette culpabilité solaire ? Pour les professionnels de santé mentale, la clé réside dans l’écoute de soi. Fermer Instagram, ouvrir les fenêtres, lire tranquillement au soleil sans se forcer à sortir, ou simplement accepter de ne rien faire : autant de façons de reprendre la main sur son rapport au beau temps.

Loin d’être un caprice ou un effet de mode, la culpabilité solaire est le reflet d’un rapport troublé au bonheur, à la performance et à l’image de soi. Un symptôme de notre époque, où même le soleil peut devenir une source de stress.

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