Instagram change de peau, et ce n’est pas une simple mise à jour cosmétique.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA

À l’heure où les plateformes sociales luttent pour capter l’attention d’utilisateurs saturés de contenu, Adam Mosseri, patron d’Instagram, trace une nouvelle voie : moins de vitrine publique, plus de sphère privée.
Dans une interview récente accordée à Business Insider, Mosseri déclare que « l’ère de la publication publique touche à sa fin ». Les utilisateurs ? Ils ne veulent plus seulement poster. Ils veulent partager — mais à huis clos. Messages directs, groupes restreints, listes d’amis proches : les formes d’interaction privée explosent. Ce que vous postiez hier en story, vous l’envoyez aujourd’hui en DM. Et demain ? Peut-être plus rien, sinon un échange furtif dans un coin d’application.
Reels, la passerelle entre viralité et intimité
Le paradoxe, c’est que cette bascule ne nuit pas à la rentabilité. Au contraire. Mosseri explique que Reels, avec leur format court et addictif, sont massivement partagés en privé. On rit, on commente, on transfère — mais dans l’ombre des fils de discussion. Et ça rapporte : « Le contenu public reste monétisé, même s’il alimente des conversations privées. C’est un cercle vertueux. »
Threads, ou quand une “blague” devient stratégie
La surprise, c’est l’origine de Threads, le réseau concurrent de X (ex-Twitter). Selon Mosseri, le projet a débuté comme une simple plaisanterie interne, baptisée “Textagram”. « On voulait juste un endroit pour écrire du texte, à la manière de Twitter. Une expérimentation entre équipes. » C’est Mark Zuckerberg lui-même qui a perçu le potentiel et décidé d’en faire une application à part entière. Résultat : un espace plus calme, sans cris ni algorithmes agressifs, propice à une nouvelle forme de conversation.
Cap sur la discrétion algorithmique
En coulisses, c’est toute la logique des réseaux qui s’ajuste. Moins d’emphase sur le nombre de likes, plus de personnalisation discrète. Instagram teste déjà des interfaces où les métriques sont masquées, pour libérer les créateurs de la course à la validation. Mosseri insiste : « Nous ne voulons pas supprimer la portée, mais la rendre plus significative. »
Vers une ère post-spectacle ?
Ce tournant reflète une fatigue collective : celle du spectacle permanent. Les utilisateurs veulent des liens, pas des shows. Une envie de se retrouver à l’abri des projecteurs, loin des likes impersonnels et des algorithmes tyranniques. Et Instagram semble bien décidé à leur tendre la main.
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