Dans un climat numérique où la vie privée se heurte aux excès de la viralité, les États-Unis viennent de franchir un cap décisif.
ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM

La Première Dame Melania Trump prend la parole tandis que le président Donald Trump écoute, lors de la signature de la loi Take It Down Act dans la roseraie de la Maison-Blanche, le lundi 19 mai 2025. | Evan Vucci / AP Photo
Le président Donald Trump a officiellement signé cette semaine le Take It Down Act, une législation inédite qui impose aux plateformes numériques la suppression de toute image ou vidéo intime diffusée sans le consentement explicite de la personne concernée.
Une réponse attendue à une crise moderne
Ce nouveau texte législatif s’attaque frontalement à un fléau numérique en pleine expansion : la diffusion de contenus à caractère sexuel sans autorisation, souvent appelée « revenge porn ». L'enjeu va désormais bien au-delà du simple harcèlement en ligne : il inclut les contenus générés par intelligence artificielle, comme les deepfakes, rendant floue la frontière entre réel et fiction.
« Ce n’est plus une question de morale, mais de dignité humaine », a déclaré Melania Trump lors de la cérémonie de promulgation, rappelant son engagement à travers la campagne Be Best. Le président, de son côté, a salué un « outil fort contre l’humiliation publique à l’ère numérique ».
Ce que prévoit la loi
Le Take It Down Act oblige toute plateforme hébergeant du contenu généré par les utilisateurs (comme X, Instagram, Reddit, ou OnlyFans) à retirer dans un délai de 48 heures tout contenu signalé comme intime et non consenti. La victime n’a pas à prouver l’origine du contenu : une déclaration sous serment suffit pour déclencher la procédure.
En cas de non-conformité, l’entreprise s’expose à des amendes pouvant atteindre 50 000 dollars par infraction, et des poursuites pénales sont prévues en cas de récidive.
Soutiens et inquiétudes
Le texte a obtenu un rare consensus bipartisan, et des géants comme Google, Meta et Microsoft ont salué l’initiative, y voyant un pas nécessaire vers un Internet plus sûr. Mais plusieurs associations de défense des droits numériques, dont l’Electronic Frontier Foundation (EFF), mettent en garde contre le risque de surcensure.
« Il faut s'assurer que ces mécanismes ne soient pas utilisés pour faire disparaître des contenus légitimes, comme des œuvres artistiques ou des publications à valeur journalistique », estime David Greene, conseiller à l’EFF.
Une loi à l’image de son époque
Avec cette loi, les États-Unis amorcent un virage dans la régulation d’un web devenu terrain d’impunité pour les abus numériques. Elle marque aussi un signal fort à l’international : celui d’une puissance technologique qui prend désormais au sérieux les droits des victimes dans la sphère virtuelle.
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