Une étude britannique récemment publiée tire la sonnette d’alarme : plus de 50 % des vidéos les plus populaires sur TikTok portant sur la santé mentale contiendraient des informations fausses ou trompeuses.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA

Dans un contexte où des millions d’utilisateurs – souvent jeunes – se tournent vers les réseaux sociaux pour trouver du soutien ou des réponses à leurs troubles psychiques, cette nouvelle soulève de vives inquiétudes.
Une dérive inquiétante du « fast content » psychologique
Des chercheurs ont analysé les 100 vidéos les plus visionnées sous le hashtag #mentalhealthtips. Résultat : 52 d'entre elles diffusaient des conseils jugés inexacts, simplistes, ou mal interprétés. Ces contenus, souvent très engageants visuellement, simplifient à l’extrême des problématiques complexes comme la dépression, l’anxiété ou les troubles du comportement, au point de favoriser l’autodiagnostic ou de retarder une prise en charge médicale appropriée.
"Ce sont des vidéos conçues pour captiver, pas pour soigner", résume le Dr Chris Ferguson, expert en psychologie des médias interrogé par The Guardian.
L’un des problèmes majeurs soulevés par l’étude : la quasi-absence de professionnels de santé qualifiés derrière ces vidéos.
Une analyse complémentaire du site PlushCare estime que seuls 9 % des créateurs de contenu santé mentale sur TikTok disposent d’une formation dans le domaine. Pourtant, certains hashtags cumulent plusieurs milliards de vues, démontrant la portée phénoménale – et potentiellement dangereuse – de ces publications.
TikTok répond, mais les critiques persistent
Face à ces révélations, TikTok affirme travailler activement avec des institutions de santé pour modérer les contenus trompeurs. La plateforme affirme que 98 % des vidéos problématiques sont supprimées avant d’être signalées, notamment via des partenariats avec des ONG spécialisées.
Mais pour de nombreux observateurs, cela ne suffit pas. Des appels se multiplient pour une réglementation plus stricte, notamment dans le cadre du Online Safety Act au Royaume-Uni, visant à mieux encadrer les contenus liés à la santé en ligne.
Alors que les troubles psychiques explosent chez les jeunes, l’information santé sur les réseaux sociaux ne peut plus rester sans garde-fous. Si certaines vidéos ont un effet positif en brisant les tabous ou en favorisant l’expression, la frontière entre sensibilisation et désinformation est aujourd’hui trop floue.
"Il faut éduquer à la fois les créateurs et les utilisateurs à reconnaître des sources fiables", recommande la psychologue Harriet Thomas, co-autrice de l’étude.
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