Crise annoncée dans l’automobile américaine : ce ne sont plus les puces, mais les aimants qui inquiètent

Publié le 2 juin 2025 à 15:38

Alors que les projecteurs étaient jusqu’ici braqués sur la pénurie de semi-conducteurs, une autre crise, plus silencieuse mais potentiellement tout aussi paralysante, se profile à l’horizon industriel des États-Unis : celle des aimants permanents. 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA

Utilisés dans les moteurs électriques, les systèmes de freinage, les capteurs et les batteries, ces composants stratégiques reposent sur des terres rares — un marché que la Chine domine à plus de 90 %.

Selon un rapport relayé par The Economic Times et confirmé par des sources industrielles américaines, les principaux constructeurs automobiles du pays, de General Motors à Toyota USA, ont tiré la sonnette d’alarme auprès du gouvernement fédéral. 

En cause : la lenteur croissante de Pékin à délivrer les licences d’exportation nécessaires à l’acheminement de ces matériaux indispensables. Résultat ? Des risques de blocage des chaînes d’assemblage, voire de suspension partielle de la production de certains modèles.

Les aimants en néodyme-fer-bore (NdFeB), souvent renforcés avec du dysprosium ou du terbium, sont au cœur de cette problématique. 

Indispensables pour les véhicules électriques et hybrides, ils assurent puissance et légèreté à des pièces moteur hautement technologiques. En moyenne, chaque véhicule électrique nécessite plusieurs kilos de ces aimants, concentrant ainsi la pression sur une chaîne d’approvisionnement déjà sous tension.

Mais le véritable nœud du problème est géopolitique. Depuis avril 2025, la Chine impose de nouvelles restrictions à l’exportation de certains composants en terres rares, dans un contexte de durcissement des relations commerciales avec les États-Unis. 

Une mesure interprétée par plusieurs analystes comme une forme de rétorsion aux politiques américaines visant à contenir l’influence technologique chinoise, notamment en matière de semi-conducteurs et d’intelligence artificielle.

Washington tente désormais de réagir. Des discussions sont en cours pour relancer des partenariats stratégiques avec l’Australie, le Canada et même certains pays africains afin de sécuriser des gisements alternatifs. Mais le raffinage, lui aussi largement concentré en Chine, demeure l’étape la plus critique de la chaîne de valeur. 

Des initiatives telles que celles portées par MP Materials ou Lynas cherchent à relocaliser ces capacités aux États-Unis et en Occident, mais les délais et investissements nécessaires ne permettent pas une solution immédiate.

Pour beaucoup d’analystes, cette nouvelle alerte est le miroir inversé de la crise des semi-conducteurs : une leçon non apprise, qui souligne la vulnérabilité persistante des industries américaines aux dépendances stratégiques. 

Et cette fois-ci, il ne s’agit plus seulement de composants électroniques, mais du cœur même des motorisations électriques censées assurer la transition énergétique.

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