Israël – Guerre, propagande et indécence : quand Netanyahu pleure un mariage annulé pendant que son peuple vit sous les bombes

Publié le 21 juin 2025 à 13:28

Alors que les sirènes d’alerte résonnent toujours dans le sud d’Israël et que les tensions militaires avec l’Iran s’intensifient, Benjamin Netanyahu a livré une déclaration qui a provoqué un tollé, et pour cause, ce n’est ni la douleur des familles endeuillées, ni l’angoisse des otages retenus à Gaza ou en Iran qu’il a mise en avant… mais le report du mariage de son fils.

ÉCRIT PAR : @sahbymehalla

Benjamin Netanyahu, le 29 avril 2025. Crédit : AFP

 

« C’est la deuxième fois que mon fils Avner doit annuler son mariage à cause de la guerre », a-t-il déclaré devant les caméras, jeudi 19 juin, à l’hôpital Soroka de Beersheba, touché récemment par une frappe iranienne. « C’est un coût personnel. Pour lui, et pour sa fiancée », a-t-il ajouté, visiblement ému. Une émotion qui n’a pas ému grand monde.

Face à des familles israéliennes réellement frappées par le deuil, la disparition ou l’angoisse permanente, les mots du Premier ministre ont été reçus comme une gifle. Comme l’a justement réagi un internaute israélien : “Nous, on enterre nos enfants, lui il déplore une cérémonie reportée.”

Et que dire de cette comparaison malvenue avec le Blitz de Londres, utilisée comme parallèle historique pour justifier l’endurance du peuple israélien ? C’est oublier que ce même peuple, aujourd’hui, doute massivement de la stratégie menée par son gouvernement. Selon un sondage Channel 13, près de 64 % des Israéliens estiment que Netanyahu aurait dû déjà démissionner.

Là où certains pleurent leurs morts, lui se met en scène comme père attristé d’un mariage ajourné. Comme si cela pouvait égaler la douleur d’un peuple — ou celle qu’il inflige ailleurs.

Il est commode pour Netanyahu de parler de “coût personnel” depuis un pupitre protégé. Mais connaît-il vraiment le goût d’un bombardement ?

Le goût du sable qui se mélange au sang sous les décombres. De l’air raréfié quand une frappe pulvérise l’immeuble voisin. Le goût des cendres dans la gorge des civils à Gaza, coincés entre des murs effondrés. Car pendant qu’il pleure un banquet de mariage reporté, les Gazaouis pleurent des familles entières.

Selon les derniers chiffres de l’ONU, plus de 55 000 Palestiniens ont été tués depuis octobre 2023, dont une majorité de femmes et d’enfants, sous des frappes aériennes israéliennes. Des frappes parfois “préventives”, parfois “ciblées” — mais dont la précision laisse souvent place à des fosses communes.

Ce décalage entre la communication de Netanyahu et la réalité des civils — israéliens comme palestiniens — illustre la crise morale profonde qui secoue Israël. Alors que les voix critiques s’élèvent, y compris dans les rangs de Tsahal et du gouvernement, le Premier ministre s’enfonce dans une stratégie de victimisation personnelle, dissonante et cynique.

Si le mariage d’Avner doit être reprogrammé, espérons qu’il ne serve pas, une troisième fois, d’outil de storytelling politique. Car dans cette guerre, les véritables sacrifices se passent loin des projecteurs. Dans les couloirs d’hôpitaux pleins de poussière. Dans les ruelles éventrées de Gaza. Ou dans les silences lourds des familles israéliennes qui ont tout perdu.

 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA 

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