300 millions de personnes voient le monde différemment : un trouble fréquent, souvent ignoré

Publié le 30 juin 2025 à 01:48

Ils ne voient pas le monde en noir et blanc, mais presque. 

ÉCRIT PAR : @sahbymehalla

300 millions de personnes voient le monde différemment : un trouble fréquent, souvent ignoré

Pour près de 300 millions de personnes à travers le globe, la perception des couleurs est altérée par un trouble aussi commun que mal connu, le daltonisme, ou plus précisément la déficience de la vision des couleurs. Un phénomène mondial qui touche de façon disproportionnée… les hommes.

8 % des hommes concernés, contre seulement 0,5 % des femmes

Ce décalage saisissant s'explique par la génétique. Le gène responsable de la perception des couleurs se trouve sur le chromosome X. Les hommes n'en possédant qu'un, une mutation suffit à provoquer une déficience. Chez les femmes, il faudrait que les deux chromosomes X soient porteurs d’anomalie, ce qui reste rare.

Conséquence ? Environ 1 homme sur 12 est atteint d’une forme de daltonisme, majoritairement rouge-vert. Cela représente près de 300 millions de personnes à travers le monde, selon les estimations de Colour Blind Awareness. Une proportion qui rend cette condition plus fréquente que bien des maladies chroniques.

Dans la plupart des cas, les daltoniens ne se rendent pas compte immédiatement de leur différence. Ce n’est souvent qu’à l’école, en dessin ou devant un feu tricolore, que le diagnostic se profile. Confondre un vert bouteille avec un brun foncé ? Difficile à imaginer pour la majorité d’entre nous, mais c’est le quotidien de millions de personnes.

Et si ce trouble ne menace ni la santé ni la vie, il peut toutefois restreindre l’accès à certains métiers (aviation, armée, électricité), rendre certaines interfaces numériques peu lisibles, ou générer des malentendus dans la vie courante.

Actuellement, aucun traitement curatif n’existe pour les formes héréditaires de daltonisme. En revanche, des dispositifs comme les lunettes EnChroma ou les filtres numériques permettent d’amplifier les contrastes, voire de redécouvrir certaines teintes. Mais ces solutions restent coûteuses et ne fonctionnent pas pour tous les types de déficience.

L'espoir ? Il réside dans la recherche génétique, encore en phase expérimentale, notamment aux États-Unis, où des essais sur des singes ont montré des résultats encourageants.

Loin d’être un simple "détail visuel", le daltonisme influence la manière dont certains perçoivent l’art, la mode, la signalétique, voire les émotions liées aux couleurs. C’est une autre manière de regarder le monde, avec ses limites… et parfois ses beautés singulières.

Dans une société de plus en plus tournée vers l’inclusion, repenser la conception graphique des espaces, des sites web ou des documents pédagogiques devient un impératif.

 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA 

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