Le Japon parie sur les algues marines pour capturer des millions de tonnes de CO₂

Publié le 8 juin 2025 à 16:52

Le Japon se tourne vers la mer pour lutter contre le changement climatique. 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA

Le Japon parie sur les algues marines pour capturer des millions de tonnes de CO₂

Le gouvernement nippon vient de lancer une vaste étude visant à exploiter le potentiel des algues marines et des herbiers sous-marins dans la séquestration du dioxyde de carbone (CO₂). Une initiative qui pourrait transformer les fonds marins en véritables puits de carbone naturels.

Selon les premières estimations officielles, le Japon espère créer d’ici 2040 un réseau de « prairies marines » capable de capter jusqu’à un à deux millions de tonnes de CO₂ par an. Ces écosystèmes, constitués de zostères, laminaires et autres algues indigènes, ont déjà démontré leur efficacité.

En 2022, près de 350 000 tonnes de CO₂ ont été absorbées par ces habitats naturels, selon les données du gouvernement rapportées par Reuters .

Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large de valorisation du « carbone bleu » (blue carbon), un concept qui désigne la capacité des écosystèmes côtiers à stocker le carbone à long terme. Le Japon est d’ailleurs devenu le premier pays au monde à inclure officiellement le carbone capté par ses algues dans son inventaire national des émissions de gaz à effet de serre auprès de l’ONU.

Les ambitions sont claires, multiplier par cinq la capacité actuelle de capture d’ici 2035, avec une mobilisation conjointe d’acteurs publics et privés. 

Des entreprises comme ENEOS, des instituts de recherche et plusieurs préfectures côtières participent à des expérimentations pilotes pour implanter de nouveaux herbiers artificiels et restaurer des zones dégradées.

Si les prairies marines offrent un potentiel prometteur, leur développement à grande échelle dépend de plusieurs facteurs, qualité de l’eau, biodiversité locale, stabilité des courants, et surtout, protection face à la pêche intensive et aux aménagements côtiers.

« Ce n’est pas une technologie miracle, mais une solution complémentaire indispensable dans la panoplie d’outils pour atteindre la neutralité carbone », estime un expert interrogé par le World Economic Forum.

En pariant sur la nature et l’innovation marine, le Japon confirme sa volonté d’être à l’avant-garde des solutions climatiques durables. 

Reste à savoir si ce modèle pourra être répliqué ailleurs dans le monde, là où les littoraux sont aussi riches… qu’en danger.

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