Diapaga tombe aux mains du JNIM : une gifle stratégique pour Ibrahim Traoré

Publié le 15 mai 2025 à 12:32

C’est une claque géopolitique cinglante que vient de recevoir le pouvoir burkinabè. 

Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a revendiqué la prise de Diapaga, localité clef de l’est du Burkina Faso, nichée à la frontière du Niger. En guise de trophée : les drapeaux de l’AES (Alliance des États du Sahel) et de la Russie, jetés au sol, piétinés, humiliés. Une image forte, lourde de symboles, relayée par des canaux pro-jihadistes, reprise ensuite sur les réseaux sociaux.

Cette avancée du JNIM n’est pas un coup d’éclat isolé. Elle s’inscrit dans une série d’offensives d’envergure menées depuis plusieurs semaines contre des positions militaires stratégiques dans le nord et l’est du pays. Déjà, le 28 mars dernier, le même groupe avait frappé le camp militaire de Diapaga, tuant une cinquantaine de soldats et de Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) — ces civils armés sur lesquels le pouvoir burkinabè fonde une partie de sa riposte sécuritaire.

Mais cette fois, c’est la ville entière qui semble être tombée. Le 13 mai, les jihadistes sont revenus, mieux organisés, plus agressifs, et ont imposé leur domination sur la zone. À l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune déclaration officielle du gouvernement d’Ibrahim Traoré ne vient confirmer ou infirmer cette perte. Un silence lourd, symptomatique d’un pouvoir militaire assiégé par la réalité du terrain.

Depuis son arrivée au pouvoir par un coup d’État en septembre 2022, le capitaine Traoré a promis de reconquérir le territoire, coûte que coûte. Pourtant, plus de 40 % du Burkina Faso reste hors du contrôle de l’État, aux mains de groupes jihadistes en expansion continue.

La chute de Diapaga est bien plus qu’une défaite locale. C’est un avertissement. Pour le régime, qui voit ses alliances régionales et russes ridiculisées. Pour l’AES, dont la légitimité vacille à chaque avancée ennemie. Et pour les populations, qui vivent sous la double menace de la terreur islamiste et de l’abandon étatique.

Les jours qui viennent seront décisifs : la réaction du pouvoir dira si le Burkina Faso reprend l’initiative ou s’enfonce dans une spirale de perte de contrôle. Une chose est sûre : sur les terres arides de la Tapoa, la guerre se gagne aussi avec des symboles. Et ceux-ci, aujourd’hui, ne sont pas du côté d’Ibrahim Traoré.

Écrit par @radiosiskofm

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