Cela devait être un tournant historique dans la relation que l’homme entretient avec les cétacés captifs.
La fermeture du parc Marineland en janvier 2025, saluée par de nombreuses associations de protection animale, devait marquer la fin d’une époque. Quatre mois plus tard, c’est un tout autre visage que révèle l’ONG TideBreakers, qui a survolé le site à l’aide de drones : celui d’un abandon glaçant.
Sur les images, devenues virales en quelques heures, on aperçoit Wikie, une orque de 24 ans, et son fils Keijo, 11 ans, errant dans une eau verte et trouble, infestée d’algues. Douze dauphins partagent leur sort, confinés dans des bassins en décrépitude. Si Marineland affirme que des soigneurs sont toujours présents et que l’entretien est maintenu, les clichés laissent planer un doute déchirant : ces animaux sont-ils encore soignés avec la dignité qu’ils méritent ?
« Ce n’est pas seulement la qualité de l’eau qui interpelle », explique Marketa Schusterova, cofondatrice de TideBreakers. « C’est le silence, l’isolement, l’impression d’un monde vidé de toute interaction, où des êtres hautement sociaux sont désormais prisonniers de l’oubli. »
Depuis la loi française de 2021 interdisant les spectacles de cétacés à compter de 2026, les établissements comme Marineland ont vu leur modèle économique s’effondrer. La direction avait promis une transition responsable, et des projets de transfert vers le Loro Parque à Tenerife ou vers des sanctuaires marins ont été évoqués. Mais aucun n’a abouti. L’Espagne a refusé l’accueil des orques, évoquant des conditions d’accueil insuffisantes. D’autres propositions – Canada, Japon – n’ont pas reçu l’aval des autorités françaises, inquiètes des risques pour la santé des animaux.
Résultat : une impasse. Et deux orques, douze dauphins, coincés entre les murs d’un parc fermé au public mais pas vidé de ses pensionnaires. Une situation qui indigne jusqu’aux sphères politiques : plusieurs députés écologistes ont interpellé le ministère de la Transition écologique, appelant à « une relocalisation d’urgence dans un sanctuaire marin ».
Le Whale Sanctuary Project, qui travaille à la création d’un sanctuaire en Nouvelle-Écosse (Canada), propose d'accueillir Wikie et Keijo. Mais là encore, les délais administratifs freinent l’élan. Et pendant ce temps, les images continuent d’arriver.
Le cas de Marineland pose une question fondamentale : que faire des cétacés captifs lorsque les parcs ferment ? Quelle transition réelle leur est offerte ? Et jusqu’à quand tolérera-t-on qu’un symbole de la captivité animale se transforme en symbole de son abandon ?
Des vies entières dépendent désormais de ces décisions.
Écrit par @radiosiskofm

Images des deux orques laissées derrière à Marineland Antibes.
Crédit : TideBreakers / SWNS
Ajouter un commentaire
Commentaires