Et si l’avenir de la lutte contre le cancer s’inspirait... des éléphants ?
ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM

C’est la question que posent de plus en plus de chercheurs, fascinés par une particularité génétique étonnante de ces géants de la savane, leur quasi-immunité face aux tumeurs. Une prouesse biologique qui pourrait bien ouvrir de nouvelles perspectives en oncologie humaine.
Avec leurs dizaines de milliers de cellules, leur masse colossale et une espérance de vie pouvant dépasser les 70 ans, les éléphants devraient statistiquement être bien plus sujets aux cancers que l’être humain. Et pourtant, moins de 5 % d’entre eux en meurent, contre environ 20 % chez l’Homme. C’est ce qu’on appelle le paradoxe de Peto — un mystère que la science s'efforce de percer depuis plusieurs décennies.
La réponse tiendrait dans un gène bien connu des biologistes, TP53, surnommé le "gardien du génome". Chez l’humain, ce gène est présent en deux exemplaires par cellule. Chez l’éléphant ? Pas moins de 40 copies réparties en 20 gènes, capables de détecter une anomalie génétique à la moindre mutation et de déclencher l’autodestruction de la cellule suspecte avant que la tumeur n’apparaisse.
Les travaux du Dr Joshua Schiffman, oncologue pédiatrique et chercheur à l’Université de l’Utah, ont mis en lumière le rôle crucial de ces multiples copies de TP53.
En introduisant des variantes éléphantesques de ce gène dans des cellules humaines en laboratoire, les chercheurs ont observé une explosion rapide de l’apoptose (la mort cellulaire programmée), un mécanisme-clé pour éliminer les cellules précancéreuses.
Derrière ces avancées Peel Therapeutics, une biotech qui développe des thérapies innovantes directement inspirées de la biologie évolutive. L'objectif est de créer des traitements capables d’imiter la stratégie naturelle des éléphants et renforcer la résistance au cancer chez l’humain.
« L’évolution a déjà résolu ce problème chez certains animaux. Nous avons tout à gagner à écouter ce que la nature a à nous dire », explique Joshua Schiffman dans The Times.
Des essais précliniques sont en cours pour tester l’efficacité des protéines p53 éléphantines sur différents types de cellules cancéreuses. L’enjeu est de taille, trouver une manière de reproduire cette réponse surpuissante sans effets indésirables pour le patient. Car l’apoptose, aussi salvatrice soit-elle, doit être soigneusement régulée.
Au-delà des éléphants, d’autres espèces géantes comme les baleines ou les chauves-souris — elles aussi peu touchées par le cancer — intéressent les chercheurs. Ensemble, ces animaux pourraient dessiner une nouvelle voie pour la médecine : une médecine de la résilience naturelle, fondée sur des millions d’années d’évolution.
Peut-être qu’en marchant sur les traces de l’éléphant, l’humanité avancera à pas géants vers un futur où le cancer ne serait plus une condamnation, mais un combat que l’évolution elle-même nous aura appris à mener.
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