Un virus capable de remodeler notre ADN en 8 heures ? Une découverte qui fait trembler les fondations de la biologie cellulaire

Publié le 3 juillet 2025 à 11:16

C’est une percée aussi fascinante qu’inquiétante. 

Écrit par : @radiosiskofm

Un virus capable de remodeler notre ADN en 8 heures ? Une découverte qui fait trembler les fondations de la biologie cellulaire

Comparez l'ADN humain dans son état naturel (à gauche) avec celui observé huit heures après une infection par le virus de l'herpès (à droite). Le virus compacte fortement le génome humain afin de libérer de l'espace pour se répliquer.

 

Une étude publiée le 19 juin 2025 dans Nature Communications révèle que le virus de l’herpès simplex de type 1 (HSV-1), bien connu pour ses poussées de fièvre labiale, est en réalité capable de restructurer l’architecture du génome humain en à peine huit heures. Oui, huit heures. Le temps d’une journée de travail, et le noyau d’une cellule humaine peut se transformer en terrain de jeu pour un virus.

Cette découverte, issue d’une collaboration entre des chercheurs britanniques, américains et allemands, bouleverse notre compréhension des mécanismes viraux. Grâce à des technologies d’imagerie de pointe — la microscopie STORM couplée à l’analyse chromatinienne Hi-C — les scientifiques ont observé en temps réel comment le virus détourne des enzymes humaines pour réorganiser complètement l’ADN dans le noyau cellulaire.

Dès la première heure suivant l’infection, HSV-1 réquisitionne deux acteurs majeurs de l'expression génétique, l’ARN polymérase II (RNAPII) et la topoisomérase I (TOP1). Ces protéines, essentielles à la lecture et à la structuration de notre ADN, sont déplacées vers les "compartiments de réplication" du virus. Résultat ? Le génome humain se retrouve poussé en périphérie du noyau, comme mis à l’écart, tandis que le virus s’octroie le centre.

Au bout de huit heures, l’ADN cellulaire est totalement réorganisé. La structure tridimensionnelle du génome, qui régule habituellement l’activation ou la répression de milliers de gènes, est profondément altérée. Le virus ne se contente pas d’infecter la cellule, il en redessine littéralement les plans.

L’étude ne s’arrête pas à cette démonstration spectaculaire. Les chercheurs ont également montré que bloquer l’enzyme TOP1 empêche complètement le virus de se répliquer. Cette avancée ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques, en ciblant cette enzyme clé, on pourrait empêcher la propagation du virus avant même qu’il n’ait le temps de fabriquer une seule particule infectieuse.

« Ce que nous voyons ici, c’est un détournement génomique à grande échelle. Le virus n’a pas seulement un plan d’invasion. Il redéfinit l’ordre intérieur de la cellule pour le rendre favorable à sa propre survie », explique le professeur Nicholas L. Jones, co-auteur principal de l’étude.

Cette découverte relance l’intérêt scientifique pour les virus à ADN, souvent considérés comme moins dynamiques que les virus à ARN comme la grippe ou le SARS-CoV-2. En réalité, HSV-1 démontre ici une capacité d’adaptation et de manipulation cellulaire extrêmement sophistiquée, soulignant l’urgence d’intégrer ces virus dans les stratégies de prévention avancée.

Ce virus ne détruit pas. Il reconstruit. Pour lui-même. Une leçon de biologie virale et une alerte pour la médecine de demain.

 

ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM

Restez connectés à Radio Sisko FM pour décrypter les dernières avancées scientifiques — et comprendre comment elles redessinent notre monde, cellule par cellule.

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.