Poutine salue les généraux nord-coréens sur la place Rouge : entre alliance stratégique et fantasmes géopolitiques

Publié le 10 mai 2025 à 13:33

Sur les pavés symboliques de la place Rouge, Vladimir Poutine a présidé ce jeudi la traditionnelle parade du Jour de la Victoire, dans un climat de plus en plus tendu sur la scène internationale.

Mais cette année, un geste a retenu l’attention des observateurs : le président russe a salué avec insistance la délégation militaire nord-coréenne présente à ses côtés. Une image forte, captée par toutes les caméras, qui en dit long sur le réalignement diplomatique en cours entre deux régimes de plus en plus isolés.

L’événement a rapidement enflammé les réseaux sociaux, où une rumeur extravagante a pris de l’ampleur : selon certaines publications, la Corée du Nord aurait joué un rôle militaire actif dans la "libération" de l’oblast de Koursk – une région pourtant russe – prétendument occupée par l’Ukraine. Une affirmation fantaisiste, sans fondement, qui s’apparente davantage à de la désinformation qu’à un fait vérifié.

Car en réalité, l’oblast de Koursk, frontalier de l’Ukraine, a certes été visé par des attaques de drones et des opérations de sabotage, mais il n’a jamais été sous contrôle ukrainien, encore moins sous menace d’une occupation. Aucune source officielle, ni russe ni ukrainienne, n’a jamais rapporté une telle perte de territoire. Et encore moins une intervention terrestre de l’armée nord-coréenne.

Alors pourquoi cette rumeur ? Certains analystes y voient une opération de propagande orchestrée dans la sphère pro-russe, visant à glorifier les alliances extérieures de Moscou face à un Occident perçu comme hostile. D’autres y perçoivent un simple emballement numérique, preuve que dans les conflits modernes, l’information peut être une arme aussi tranchante que les missiles.

La vérité, elle, est plus nuancée. Oui, la Russie et la Corée du Nord ont multiplié les gestes de rapprochement ces derniers mois. Pyongyang est soupçonné d’avoir livré des obus d’artillerie à Moscou, en échange de technologies militaires ou de céréales. Et l’accueil fait aux généraux nord-coréens sur la place Rouge en est une illustration diplomatique puissante. Mais de là à imaginer Kim Jong-un libérant le sol russe… il y a un pas que seuls les récits dystopiques oseraient franchir.

Dans ce climat de guerre hybride, où les lignes entre fiction et réalité se brouillent, le rôle des journalistes reste plus que jamais de distinguer l’information du fantasme. Non, la Corée du Nord n’a pas "libéré" Koursk. Mais oui, la Russie s'entoure désormais d'alliés que l’on croyait jadis improbables.

 

Écrit par @radiosiskofm

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